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Titre
: Pluie
Auteur
: Isil ([livejournal.com profile] shono_hime)
Fandom
: Torchwood / Doctor Who
Personnages/Couple
: Ianto, Ten, mentions de Jack/Ianto
Rating
: PG
Disclaimer
: Rien n'est à moi, ah, ça, non ! Tout appartient à la BBC
Warnings eventuels
: Spoilers pour 2.10 et 2.13 de Torchwood et l'épisode 4.13 de Doctor Who. Le reste est plus ancien, donc je ne considère pas ça comme du spoil.
Notes
: Ecrit pour [livejournal.com profile] 31_jours. Vaguement commencée à l'origine pour un thème en Août, mais jamais terminée jusqu'à aujourd'hui ^^ Comme quoi, hein =D


Parfois, la nuit, quand la pluie tombe, Ianto n'arrive pas à dormir. Cardiff de nuit est comme un dragon endormi, mais sous la pluie, le dragon devient un serpent insidieux et dangereux. À chaque coin de rue, derrière le rideau de pluie, il lui semble apercevoir des silhouettes fantomatiques, reliques vengeresses d'un ancien temps qui n'est jamais vraiment oublié. Surtout pas pour lui. Surtout pas quand il repense à Jack sur ces vieilles bobines de film.

Y serait-il enfermé, lui aussi, s'il n'avait pas été immortel ? La question est stupide, il le sait bien, car s'il n'avait pas été immortel, il serait mort depuis longtemps... ou dans longtemps. Ianto a parfois du mal à intégrer tous les paradoxes que représente la simple existence de son amant, comme si son esprit refusait d'accepter que Jack n'est qu'un voyageur, perpétuellement de passage. Même s'il reste le temps d'une vie humaine avec lui, cela ne représentera au fond qu'un battement de cœur pour lui, une poussière infime de temps. Oui, le Temps est bien la seule chose qui puisse les séparer, le Temps et son Seigneur, évidemment.

Ianto remonte son col pour lutter contre le froid. Sa veste est trempée et pèse sur ses épaules, mais le poids est rassurant, comme celui du manteau de Jack quand ce dernier le lui met sur les épaules pour ne pas qu'il aie froid, en grand gentleman qu'il est.

Tout le ramène toujours à Jack... Jack Harkness... Le Capitaine Jack Harkness... Ce nom qui le représente mais qui n'est même pas le sien. Ianto soupire et traverse la rue. Sans doute ne devrait-il pas être dehors, sous la pluie battante, en pleine nuit, même si les Weevils se tiennent tranquilles depuis... un instant, il craint que la pluie ne soit pas seule à baigner son visage, mais il parvient à retenir ses larmes.

Il déteste perdre ses moyens, hait les tremblements nerveux de ses mains quand il repense à Tosh ou Owen. Il avait laissé le temps panser un tant soit peu ses blessures, mais les évènements de la journée ont rouvert les vannes de son trouble.
Des Daleks. Partout. Il n'aurait manqué que les Cybermen pour que Ianto se croie coincé dans un cauchemar. Un mauvais rêve sans fin, fait de flammes, de hurlements et de métal. Perdre Toshiko et Owen, puis voir Jack disparaître pour aller combattre ceux qui ont autrefois fait voler en éclats ce qui était sa vie... C'est trop.

Ianto baisse la tête pour dissimuler les larmes qui pourraient échapper à son contrôle. Les gouttes froides tombent sur sa nuque et lui glacent le dos, aussi sûrement que la voix métallique du Dalek qui annonçait leur mort prochaine, à Gwen et à lui. Comment il a réussi à garder la tête froide à ce moment là, il ne sait pas. Peut-être a-t-il pensé à Jack, qui comptait sur eux. Peut-être a-t-il revu Owen et Tosh se sacrifier si bravement. Peut-être a-t-il rêvé, une seconde, d'un pique-nique avec Lisa.

Ses dents claquent et il ne sent plus ses doigts sous la pluie froide. Il aurait pu mettre des gants, mais il ne les supporte plus, sans même savoir pourquoi.
Il voudrait que Jack soit de retour. Il a bien appelé en fin de journée, après que le Docteur ait transporté la Terre à travers le temps et l'espace -rien que ça- pour la remettre à sa place, mais il était encore à Londres.
Quelque part, c'est mieux comme ça. Ianto préfère se calmer et retrouver un peu de son équilibre avant que Jack ne revienne. Il a beau sembler préférer l'action à la réflexion, le Capitaine est plutôt observateur... Surtout avec lui et depuis Lisa.

Quand il arrive devant le cinéma, il est presque étonné de le voir encore en un seul morceau. Il pensait qu'il aurait été détruit depuis un moment, ou bien soufflé par une des nombreuses explosions qui ont secoué Cardiff il y a peu. Le musée est évidemment fermé vu l'heure tardive, mais Ianto va s'abriter en s'appuyant contre la porte. Il ne sait même pas pourquoi il est là.

Longtemps, il reste appuyé là, à regarder non pas la pluie tomber du ciel, mais les gouttes rebondir dans les flaques grandissantes. Quand il était petit, comme beaucoup d'autres, certainement, sa mère lui expliquait que Dieu pleurait quand il pleuvait. Il se demande qui Dieu pleure, aujourd'hui.

Puis vient ce bruit étrange, répétitif et vaguement hypnotique, comme un animal cherchant à s'accrocher avec les griffes pour ne pas chuter. Quand il relève les yeux, la rue est vide. Ianto quitte son abri, courbant de nouveau les épaules sous le rideau de pluie. Clignant des yeux pour distinguer quelque chose, il lui semble apercevoir une forme sur le trottoir. Il s'approche, perplexe et distingue la boîte bleue dont il a si souvent entendu parler. Choqué, il fait un pas en arrière. La porte s'ouvre.

Même après l'avoir vu par écran vidéo, Ianto est toujours aussi surpris. Il l'aurait imaginé plus imposant, plus grandiloquent, peut-être, mais en tout cas pas aussi enfantin qu'il lui est apparu plus tôt dans la journée. Alors quand il le voit sortir du TARDIS, apparemment déjà trempé avant même que la pluie ne s'abatte également sur lui, Ianto reste interdit. Le Docteur le regarde, apparemment surpris de trouver quelqu'un d'autre que lui sous la pluie, puis son regard tombe vers le bas et il fait un geste pour se détourner, avant de s'immobiliser.

« Ianto Jones... murmure-t-il.
— Oui, Monsieur. » répond ce dernier, étonné et perdu.

Ils restent là, comme des chiens de faïence, à laisser la pluie les tremper et remplacer leurs larmes par ses gouttes glacées. Car il est évident pour Ianto, à voir l'air sombre du Docteur, que ce dernier aussi partage son humeur. Il hésite. D'ordinaire, il aurait offert un thé ou un café. Mais ce soir, ses mots sont retenus par l'étau qui enserre encore sa poitrine, peur, douleur et colère mélangées. Alors il ne dit rien, et recule doucement, pas à pas, puis fait demi-tour et retourne à son abri à côté du cinéma. Il y a un bruit traînant quand le Docteur lui emboîte le pas.

Ianto ne dit rien, ne demande pas pour Jack ou pour Martha, alors que le Docteur vient s'appuyer à côté de lui contre le mur humide. Ensemble, ils regardent les gouttes crever la surface des flaques, un temps indéfini.

Jusqu'à ce qu'enfin, comme les dernières notes d'une symphonie, quelques ultimes gouttes de pluie troublent l'eau désormais calme répandue sur les trottoirs.
Alors seulement, Ianto se redresse et reprend le chemin qui mène vers le Hub, sans un regard en arrière.
Alors seulement, le Docteur se redresse et retourne vers le TARDIS, sans un regard en arrière.

FIN.
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